Lors de la dernière guerre, les prisonniers des camps n’étaient pas dépourvus d’imagination pour améliorer leur quotidien.
L’un d’eux, officier polonais, ingénieur de formation, eut l’idée géniale de trouver un ersatz de confort, pour réchauffer la nourriture, c’est l’objet de la description suivante.
Nous avons un doute à propos de l’origine du nom de cette invention. Deux hypothèses se présentent ; tout simplement, le concepteur se nommait monsieur Szubin ou bien il était incarcéré au camp polonais de Szubin. Toujours est-il que les belges baptisèrent cet ustensile qui devint une choubinette.
Il convient de trouver 3 boîtes de conserves, deux identiques, une d’un diamètre inférieur et un morceau de fil barbelé dégarni de ses picots.
Le fond d’une des grandes subit une découpe afin de maintenir à l’intérieur la petite boîte dépourvue de sa base. La circonférence est percée d’une série de petits orifices.
Le barbelé est plié en forme de grille et inséré dans les trous prévus sur les côtés.
Une découpe rectangulaire est pratiquée à la base de la dernière boîte dont le couvercle est enlevé. Un petit bout de tôle constitue un volet de réglage du tirage de la combustion.
C’est simple, mais il fallait y penser. Les matières premières étaient à portée de mains. Les colis contenaient les conserves pour fabriquer le foyer et les emballages assuraient le combustible, des boulettes de papier et des morceaux de carton.
Mis en évidence lors d’une exposition organisée par monsieur Frings, en juin et juillet 2005 à Enghien, des documents émouvants offerts par monsieur Jacques Steyaert.
A gauche du cliché, la choubinette fabriquée par monsieur Albert Steyaert, son papa, en 1945, après son retour de Prenzlau. La base est une boîte de lait « Delacrealiment », la partie supérieure une boîte de prunes « Red Plum ».
L’argent des camps, « Lagergeld », était uniquement valable à l’intérieur de l’oflag.
Une lettre ayant transité par la France, adressée à madame Steyaert. Ce courrier a été ouvert par la censure allemande.
On y remarque la trace rouge d’un vieil élastique qui enserrait le paquet de courrier.
Jacques nous promet d’autres clichés prochainement, nous lui adressons nos plus vifs remerciements pour ce précieux et inédit complément d’informations historiques que l’on se doit de transmettre aux générations futures afin d’immortaliser les sacrifices, en vies et en souffrances, infligés à tous nos braves qui ont sauvegardé notre patrie.
Monsieur Steyaert se souvient du retour de son père, libéré par les soviets asiates le 9 mai 1945, et rentré à Schaerbeek le 9 juin 1945 à 6h.
Sa dernière carte expédiée de l’Oflag, n’est arrivée qu’en 1946, transitant par la Russie !
Deux images commentées par Jacques :
Une lettre de 1945 qui indique que mon père est en bonne santé ! - L’école de filles de Rothenburg/Fulda était le premier Oflag.
30 octobre 2008.
Jacques nous adresse un nouveau document, merci à lui :
Voici la carte de mon père au moment de sa libération. BELGIA est écrit en cyrillique. pi-pi 96072 est son numéro "russe". 62 est le n° d’arrivée en Belgique. Le sceau rond est la censure militaire soviétique. Après un an, la carte est arrivée en Belgique.
bonjour, mon grand-père a fabriqué des choubinettes en captivité qu’il appelait réchaud à boules de papier.
Le principe de fonctionnement est celui du gazogène. Les trous en haut servent à la sortie du gaz que l’on enflamme. Il faut que la casserole ferme bien le haut du réchaud et déborde pour que les flammes chauffent le fond.
Le combustible doit être roulé en boulettes assez serrées. Le foyer doit être allumé en bas (ici au niveau du barbelé en "s") et la combustion des boulettes du bas chauffe celles qui sont au dessus et produit le gaz inflammable qui doit ensuite remonter vers les orifices de sortie (entre la petite et la grande boite), comme dans tout gazogène. La photo avec la haute flamme qui sort des boîtes ne correspond pas au fonctionnement réel.
Deux avantages par rapport à une simple combustion du papier/carton :
flammes bleues beaucoup plus calorifiques que la flamme jaune
alimentation possible en continu : il suffit de lever la casserole et de remettre des boulettes de papier.
A noter que le combustible était le plus souvent les sacs de ciment disponibles en grande quantité.
D’accord que ça vaut pas le gaz mais où il y avait du gaz les malheureux n’en profitaient guère. C’est bien de maintenir le souvenir de cette époque ne serait ce que pour que ça n’arrive plus.
Marc.
Merci Pop pour cet article !
Ce bricolage m’intéresse à titre d’essai.
73’s
Michel Le Jeune
Oui Michel, l’objet ne vaut pas un camping gaz, mais il a offert une petite commodité à plus d’un dans les années noires.
Une page d’histoire qui peut-être éveillera l’intérêt de ton père.
Bien à toi.
Pop.